ARCHI EXPERIMENTALES



Architecture-sculpture
Sculptures-habitacles d'André Bloc, dont les formes libres déploient un espace topologique ;
projets organiques des Cité aérienne et Cité spirituelle, de l'église du Carmel de St-Saulve, construite à Valencienne par Székely ; ou encore, le projet de maison biologique de l'artiste
James Guitet. Au même moment, des architectes développent des formes biomorphiques et
sculpturales, ainsi Ricardo Porro en France ou Vittorio Giorgini en Italie.

    - Sculpture-habitacle n°2, 1964 - Meudon - France




Monolithes
En 1968, le tout jeune architecte en chef d'Aéroports de Paris, Paul Andreu, réalise la construction de l'aérogare de Roissy I : soulevé par des pilotis, ce " globe " de béton brut, qui renvoie à la sphère terrestre, est creusé d'un cratère central qui lui apporte la lumière. Roissy I, au rythme centripète, est une forme close et monolithique, qui se ramifie en même temps tout autour à travers sept constructions satellites. Ce double mouvement de concentration-expansion, unité et dissémination, détermine une architecture complexe, l'unedes plus marquantes de l'architecture contemporaine.






Structures spatiales
Les recherches sur la morphologie des structures de David Georges Emmerich le mènent vers 1958 aux assemblages de structures autotendantes. On retrouve la notion de " grille spatiale " dans cet espace combinatoire où les éléments de tension et de compression sont diffusés en continu à travers l'articulation d'éléments modulaires identiques. Les structures d'Emmerich rendent compte d'un univers cristallographique invisible, qui se réfère notamment aux dômes géodésiques de Buckminster Fuller, à l'étude des radiolaires de Robert Le Ricolais dans les années 1930. À la masse de l'architecture, Emmerich substitue la structure. Les structures autotendantes d'Emmerich permettent d'engendrer des habitacles ellipsoïdes, sphériques, nervurés, autostables et déplaçables. Outre de nombreuses structures autotendantes et de dessins, dans la cour des Subsistances militaires, sera exposée, une structure de plusieurs mètres d'envergure, " structure-structure " avait dit Emmerich, comme il y a de la " peinture-peinture".





Villes spatiales
Le concept de mobilité est aussi mis en oeuvre, en France, par Yona Friedman. À partir de recherches sur les structures spatiales, il développe un système proliférant qui procède par interpénétration de strates ou de " nappes ". En 1956, Friedman expose, pour la première fois, ses théories au CIAM de Dubrovnik (Xème Congrès International d'Architecture Moderne) et fonde en 1958 le GEAM (Groupe d'Étude d'Architecture Mobile) qui propose une mobilité potentielle de l'habitat. Ses Villes spatiales sont des villes suspendues sur pilotis, qui se répartissent sur plusieurs niveaux à partir d'une structure tridimensionnelle. L'habitant déplace librement son habitat à partir de la trame de cette grille. Les propositions de Friedman seront très influentes sur le développement de l'architecture métaboliste au Japon des années 1960/70 (Kurokawa). En Allemagne, Schulze-Fielitz expérimente à la même époque des villes spatiales tridimensionnelles, ainsi que Martin Pinchis en France. Giorgini poursuivra également ces recherches aux États-Unis.La postérité des Villes spatiales s'étend aux projets récents d'architectes ainsi ceux de MVRDV aux Pays-Bas.




 

L'architecture-cellule : Haüsermann -
Chanéac - Antti Lovag



L'exploration de la mobilité en architecture dans les années 60 conduit à la définition d'un nouvel espace, fait de modularité, de prolifération et d'agglomération de cellules. Matières plastiques, coque
monobloc, vont permettre à la notion d'assemblage de cellules autonomes et connectées entre elles de se déployer. Dès les années 1950, en France, les recherches sur les matériaux plastiques débouchent sur la conception d'unités d'habitations autonomes. En 1956, un jeune architecte à peine arrivé de Roumanie, Ionel Schein, expose à Paris le premier prototype d'une maison en plastique, détaché du sol comme pour mieux démontrer sa légèreté, qui connaîtra un succès phénoménal et une postérité considérable. La même année, il réalise avec ses Cabines hôtelières les premiers modules autonomes d'habitat, qui peuvent être transportés et installés n'importe où. Ce sont ensuite Pascal Haüsermann et
Chanéac qui, en France et en Suisse, à partir de recherches sur les matériaux plastiques, développeront vers le début des années 1960 une architecture tout à la fois organique et modulaire constituée d'agglomération de cellules. Des prototypes de cellules de Chanéac et d'Haüsermann seront exposés dans la cour des Subsistances militaires. Le phénomène d'autoconstruction, que revendiquera Antti Lovag avec l'habitalogie, devient également la préoccupation de nombreux architectes des années 1960-70. Ce principe d'évolutivité de l'habitat, de sa mobilité, de son extrême économie de moyens, développé à travers des formes organiques, laisse à l'habitant une liberté d'adaptation dans l'extension ou la combinatoire des cellules entre elles.

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